Chronique d’un imbroglio qui n’a que trop duré !
Chronique d’un imbroglio qui n’a que trop duré !
Depuis janvier 2006, nous avons assisté au sein de l’Éducation Nationale à une série d’événements et de décisions qui annoncent de grands bouleversements pour notre discipline.
Deux de ces décisions risquent de modifier profondément l’enseignement de la Technologie :
- La mise en place du socle commun de connaissances.
- La mise en expérimentation d’un enseignement intégré de Sciences et Technologie.
Ces deux points, pourtant prévisibles, n’ont nullement été pris en compte dans la saga de la réécriture des programmes de Technologie, saga qui dure depuis 2002 !
Depuis le début de cette aventure, qui se déroule dans un climat confus et totalement rocambolesque, nous avons vu passer deux commissions d’experts, assisté à la naissance du nouveau programme de la classe de sixième, maintenant orphelin puis vécu en direct la disparition brutale du projet de programme du cycle central pourtant annoncé à grands bruits comme définitif.
Un projet de remplacement proposé par la DESCO mais sorti d’on ne sait trop quel chapeau a également fait une brève apparition avant de disparaître comme il était venu !
Face à cette situation, une lettre commune associations / syndicats a été envoyée à Monsieur le Ministre de l’Éducation Nationale afin d’obtenir une audience permettant enfin d’aborder sereinement et efficacement l’évolution de la discipline (voir page 5, bulletin N° 163).
Après de nombreuses relances, les signataires de ce courrier ont finalement été reçus courant juillet.
L’AEAT, signataire, a pour sa part rencontré Monsieur Bénéfice (DESCO) le 13 juillet 2006.
Lors de cette entrevue, celui-ci nous a confirmé l’abandon définitif des travaux et projets de la commission présidée par Monsieur Secrétan, le maintien temporaire, en l’état, du programme de sixième et la nécessité de prendre désormais en compte le contenu du socle commun de connaissances dans l’élaboration de tout nouveau programme d’enseignement, y compris en Technologie.
Il nous a ensuite annoncé la création d’une nouvelle commission d’experts pour la Technologie et la proposition faite par la DESCO à Monsieur Joël Lebeaume, universitaire et président de l’AEET, d’en assurer la présidence.
Où en sommes-nous aujourd’hui ?
- Malgré la nomination de Monsieur Perrot, IG de STI, comme responsable de la discipline, il n’y a toujours pas de pilotage clair et efficace de la discipline par les corps d’inspection. Les directives sont variables selon les personnes et les académies. La seule attitude qui semble partagée est celle de reprocher aux personnels du terrain le mauvais état de la discipline !
- Les chassés-croisés de personnes et les luttes d’influence de différents groupes d’intérêts au sein du ministère perdurent et continuent d’opacifier la situation. La nouvelle commission n’a toujours pas été mise en place et Monsieur Joël Lebeaume en a été récusé comme Président (par qui, au profit de qui, pourquoi ?)
- La place de la Technologie n’est toujours pas définie au sein du socle commun de connaissances (si elle en a une !).
- L’expérimentation d’un enseignement intégré de Sciences et Technologie par un seul enseignant se met bien en place dans la précipitation depuis la rentrée 2006.
- Aucune conclusion de cette expérimentation n’est bien sûr encore disponi- ble mais la création de mentions complémentaires à différents CAPES est d’ores et déjà annoncée afin de permettre la mise en place de cette polyvalence. Le mot expérimentation aurait-il plusieurs significations ?
A cette occasion, on peut se demander où en est le programme du CAPET de Technologie face aux confusions et aux incertitudes qui règnent depuis longtemps sur les contenus de la discipline.
On peut également s’interroger sur le statut de mentions complémentaires à un CAPES ouvrant droit à enseigner une matière régie par un CAPET et réciproquement !
La seule évidence qui émerge de cette situation pour le moins confuse est une volonté politique très forte vis à vis de l’Ecole et qui se décline en deux points :
- Réduire considérablement et à très court terme les coûts d’enseignement.
- Fixer des enjeux d’orientation qui permettraient de résoudre par le biais de l’Éducation Nationale les problèmes de l’emploi et du chômage.
Nous sommes en droit aujourd’hui, au vu de la situation, de nous demander si cette volonté tient compte de considérations autres que budgétaires. Nous pouvons douter que des éléments d’ordre pédagogiques ou éducatifs soient actuellement pris en compte dans l’analyse à moyen et à long terme de la réforme du système éducatif qui se dessine. Le coût réel pour la nation d’économies drastiques et immédiates qui ne manqueront pas de diminuer fortement l’efficacité du système scolaire dans la décennie à venir a t-il été chiffré ?
Il est évident qu’il faut gérer au mieux l’utilisation des deniers du contribuable et éviter tout gaspillage (le feuilleton de la réécriture des programmes de Technologie ne semble guère aller dans ce sens !), mais la rentabilité d’une réforme est-elle mesurable sur une année budgétaire ou à l’aune d’une génération d’élèves ?
En outre, les deux points précédemment cités concernent directement le statut, voire l’existence de la Technologie à l’école et au collège.
Les économies de moyens nous sont appliquées depuis plusieurs années déjà, par la suppression des groupes allégés, la récupérations de nos moyens horaires pour mettre en place les IDD, par exemple.
Les enjeux d’orientation sont de plus en plus axés sur la Technologie, à qui l’on
demande de se préoccuper de Découverte Professionnelle, d’initiation au monde de
l’Entreprise et aux métiers, entre autres.
Tout ceci sans méthode, sans réflexion de fond et dans la plus grande confusion, malgré nos remarques, nos alertes, analyses et contributions aux commissions officielles qui se sont succédées ces dernières années.
L’AEAT demande en vain, depuis la mise en place de la discipline, qu’un chantier de réflexion soit mis en place pour définir clairement la nature, le champ, les contenus et la place de la Technologie comme discipline d’enseignement général au sein du système éducatif.
Aujourd’hui nous disons, ASSEZ !
- Assez du mépris envers les enseignants de Technologie.
- Assez du statut au rabais attribué à notre matière et à son rôle de variable d’ajustement du système.
- Assez de la confusion ubuesque qui préside à toute redéfinition des programmes, à toute réflexion de fond sur la Technologie
- Assez de l’absence de pilotage et des discours contradictoires et multifor- mes de la part de nos différentes autorités de tutelle
- Assez des luttes de clans, d’intérêts, de lobbies et de pouvoir qui rôdent autours de la discipline, et ce d’où qu’ils viennent
- Assez de gaspiller les compétences, l’énergie et la bonne volonté de l’immense majorité des professeurs de Technologie, au détriment des élèves, de leur formation et de leur devenir.
- Assez d’ignorer les besoins, le développement physique et cognitif, l’appétence de nos élèves dans leur rapport au fait technique
Il est urgent que l’État et ses représentants cessent de mettre la charrue avant les boeufs dans toute nécessaire réflexion sur l’Ecole, ses rapports avec la Science, la Technique et le monde du travail !!!!
Les enjeux dépassent largement les conditions faites à l’existence de notre discipline et concernent le devenir de notre pays pour la décennie à venir. Cependant, sans éducation technologique de qualité, il paraît difficile de pouvoir gagner ce challenge.
L’AEAT, force de propositions et de réflexion depuis longtemps, est prête à participer à un chantier digne du défi qui se pose aujourd’hui. Encore faut-il que la volonté politique d’une telle évolution soit clairement affirmée !
Le Conseil d’Administration, Le Président, Christian HOUDRÉ.
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